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C’est à l’initiative de Michel Debré, Premier ministre, sur proposition du général Jean Némo, que le SMA est créé aux Antilles-Guyane en 1961, à titre expérimental. Le général Némo disait du SMA : « Sous son drapeau, il ne s’inscrira jamais de noms de victoires militaires, mais il est d’autres victoires, celles que l’on gagne contre la misère et le sous-développement. ». La création d’un dispositif adapté se justifiait et continue de se justifier par les nombreuses spécificités des départements et collectivités d’Outre-mer.

La France n’est pas uniquement une puissance continentale. Elle est aussi pacifique, océano-indienne, atlantique. Grâce à ses territoires ultramarins, notre pays est doté de la deuxième zone économique exclusive (ZEE) mondiale, soit 11,5 millions de km², présents dans tous les océans. Véritables prolongements de l’État métropolitain, les régions, départements et territoires d’Outre-mer constituent aussi des interfaces géostratégiques au plus près des foyers de crise, de l’espace Indo-Pacifique au détroit du Mozambique, des Antilles à la Guyane. La France, jadis puissance maritime qui s’ignorait, a aujourd’hui pris conscience de l’importance stratégique des Outre-mer dans un monde désormais globalisé, c’est-à-dire « maritimisé ».

Alors que le concept stratégique Indo-Pacifique (IP) est vivement débattu, la relative absence de discussions sur la place des îles du Pacifique-océanien attire l’attention sur la nécessité de faire évoluer l’idée et ses politiques inférées. Depuis des années, économistes et stratèges envisagent la région Pacifique et l’organisation de l’espace, en particulier économique, du seul point de vue des États continentaux borduriers. Cette approche géoéconomique et systémique a rendu difficile la reconnaissance de la France dans sa « Pacificité », la renvoyant à un statut de puissance « extérieure ». L’adoption d’un nouveau langage diplomatique permet de réaborder la région de l’intérieur et du point de vue d’un État contributeur partageant les mêmes défis que ses voisins insulaires.

L’actualisation du contexte stratégique présentée par Florence Parly, ministre des Armées le 21 janvier 2021 fait le constat que « les fonds marins deviennent de plus en plus un terrain de rapports de force ».Méconnu, difficile d’accès, le fond des océans abrite de nombreuses infrastructures vitales comme les câbles sous-marins et des réseaux de distribution d’hydrocarbures. Des ressources naturelles y sont régulièrement découvertes et convoitées, générant des velléités d’appropriation par des États qui n’hésitent pas à enfreindre les règles de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Enfin, depuis le fond des océans, tirant partie des progrès technologiques et d’un milieu propice à la dissimulation, le développement de capteurs et de projets d’armements pouvant être utilisés vers l’espace aéromaritime et même vers la terre se multiplient.La France, dotée du premier domaine sous-maritime mondial,

Dans son numéro d’octobre 2019, et à l’occasion de ses 80 ans, la Revue de Défense nationale portait sur « L’importance stratégique des Outre-mer ». Offrant ses pages à un certain nombre de responsables publics et politiques spécialistes et intéressés par les questions ultramarines, cette édition a vu publié un texte intitulé « Iles Éparses : françaises ! » rédigé par Philippe Folliot. Un des rares députés non-ultramarin à être membre de la délégation parlementaire aux Outre-mer, Philippe Folliot nous invite à réfléchir sur la place des Outre-mer français dans sa diplomatie et sa politique intérieure au travers de l’exemple des Iles Éparses.