Article | 2007
Un débat virulent sur la place de l'esclavage dans l'histoire coloniale anime le discours public aux Antilles françaises. Diverses stratégies mémorielles témoignent des différentes affiliations choisies par les acteurs contemporains. L'analyse d'un mythe présent dans l'imaginaire antillais – celui du viol fondateur – permet de montrer que le rapport à l'histoire bute sur des nœuds mémoriels, qui entretiennent les représentations du trauma originel et enferment les acteurs contemporains dans des conflits fratricides. De telles représentations inhibent la construction d'une mémoire réconciliée, aux composantes multiples, alors que le processus de créolisation a pourtant contribué à la diversification des affiliations identitaires possibles.
Article | 2020
Depuis leurs conceptions récentes, le Mémorial ACTe de Guadeloupe et le Mémorial de l'Abolition de l'esclavage de Nantes catalysent des polémiques autour des usages publics du passé de la traite négrière transatlantique qu'ils suscitent. Conjointement à l'analyse de leurs mises en scène et effets de réception, l'article interroge des situations marquées à la fois par l'institution d'une mémoire officielle de l'esclavage et par ses diverses variations ou ripostes locales.
Article | Janvier-mars 2018
À Wallis, en 1998, le conseil territorial des Femmes dépose une plainte auprès de la justice républicaine française contre sa présidente, accusée de détournement de fonds publics. L'accusée qui ne répondait pas aux convocations de la procureure se réfugia chez le roi et se plaça sous sa protection et sous celle de la juridiction coutumière. Une crise du pouvoir politique fut ainsi déclenchée à partir d'un conflit de compétence entre la manière coutumière de penser et d'administrer la justice et la procédure judiciaire suivie par l'administration française. L'étude de cas présentée ici constitue un exemple symptomatique des transformations de la vie politico‑judiciaire de Wallis depuis la fn du xxe siècle.
Article | Janvier-mars 2018
En Nouvelle‑Calédonie, de 2007 à 2013, des tenants du pluralisme juridique réussirent à renvoyer les victimes de statut coutumier kanak pour l'indemnisation devant une juridiction civile avec assesseurs coutumiers, censée appliquer des principes de masculinité et de séniorité. Cette mesure différentialiste qui défavorisait surtout les flles et les femmes kanak victimes de violences genrées fut dénoncée par des associations de victimes et de femmes. Elle donna lieu à une controverse juridico‑politique que l'article retrace.
Article | Janvier-mars 2018
Depuis 2011, les tribunaux coutumiers en Nouvelle‑Calédonie imposent en droit une défnition de la paternité kanak exclusivement fondée sur la « coutume ». Cet article déconstruit les présupposés culturalistes qui justifent, aux yeux des juges et contre les justiciables kanak, la disqualifcation de toute conception biologique de la paternité. Il montre aussi que l'enjeu de la paternité légale, loin de traduire une norme coutumière atemporelle, est en pratique mobilisé par les Kanak au sein de stratégies familiales historiquement situées.
Article | Janvier-mars 2018
L'article étudie les effets sociologiques et juridiques de la modifcation du statut civil de droit local à Mayotte, rendu similaire au droit commun lors de la départementalisation de l'île en 2011. Dépouillés de leur fonction de juges musulmans, les cadis enregistrent encore les mariages musulmans qui formalisent les normes morales et sociales mais sont désormais sans valeur légale. Le nouveau droit local modife les défnitions des liens de parenté (mariage, fliation) et de paternité, et contribue à renouveler les rapports de genre. L'immigration de Comoriens des îles voisines influe également sur les rapports de genre et sur la mobilité ou l'isolement des enfants mineurs.
Article | Janvier-mars 2018
La citoyenneté outre‑mer continue d'être associée à la coutume. Cette situation est le fruit de trois trajectoires : dans le Second Empire colonial, la coutume est conçue comme un stigmate justifant la non‑citoyenneté de l'indigène ; dans l'après‑guerre, associée à la citoyenneté de statut local, elle est soit considérée comme un pis‑aller soit comme un signe d'autonomie. Enfn, en Guyane, la coutume ofcieuse des Amérindiens et Marrons est le symptôme de l'appartenance à des « peuples indépendants », puis de la citoyenneté de droit commun.
Article | Janvier-mars 2018
Le cœur de ce dossier interroge la singularité de la justice rendue dans les Outre‑mer français en examinant les enjeux que pose pour l'État, au sein du système judiciaire, la question des spécifcités locales à Mayotte, en Guyane, en Nouvelle‑Calédonie, en Polynésie française et à Wallis‑et‑Futuna.
Article | Janvier-mars 2018
La normalisation du droit applicable à Mayotte a été au cœur du récent processus de départementalisation de ce territoire ultramarin. Cet article étudie les reconfigurations de la place attribuée aux cadis, magistrats musulmans à Mayotte. Institutionnalisés sous la colonisation, puis maintenus sans rôle clairement défini depuis les années 2000, les cadis semblent, contre toute attente, en voie de réhabilitation depuis 2015. C'est à ce retournement singulier que s'intéresse cet article fondé sur une enquête de terrain réalisée entre 2012 et 2016.
Article | 2006
Partie six mois, durant l'hiver austral 2004, sur la base de Port-aux-Français, l'auteur a observé la vie des cinquante-cinq hivernants d'un point de vue ethnographique. La base se trouve sur l'archipel des Kerguelen, situé dans une des régions les plus inhospitalières et isolées du monde, dans le sud de l'océan Indien, sur les cinquantièmes hurlants. L'étude porte sur la vie insulaire des hivernants – leur confinement et leur isolement –, illustrée par des observations et des entretiens. Adaptant la forme d'un journal thématique, l'étude présente leurs évolutions comportementales et psychosociologiques au fil du temps.
Article | 2006
Cet article propose d'analyser l'alimentation et son statut sur l'île de la Réunion. Cette approche socio-ethnographique permet de saisir les dynamiques de « créolisation ». Une tension entre des processus d'intégration et de différenciation s'observe alors dans les pratiques. Si, dans les interactions impliquant les Réunionnais, les nourritures créoles font preuve de la créolité, il semble que, dans le face-à-face réunionnais/métropolitain, c'est surtout l'insularité qui intervient dans les démonstrations identitaires.
Article | 2002
Dès l'origine de sa constitution, la société réunionnaise a connu plusieurs dynamiques culturelles reliées entre elles. Les différentes composantes de la population ont été sujettes, à des degrés divers, à des processus juxtaposés d'assimilation, de métissage et de reformulations culturelles. Ces processus, toujours actuels, mettent en jeu la question du pouvoir, de ses modes d'expression, de ses contestations et de ses manipulations. La relation complexe entre la société réunionnaise et la France métropolitaine produit des attitudes et des mouvements originaux, mais aussi prévisibles, faisant de la Réunion un laboratoire et un témoin du monde contemporain. Cet article tente d'analyser les principaux enjeux culturels et politiques dans l'île et dans sa relation avec la métropole.
Article | Octobre-décembre 2002
L'affirmation identitaire des jeunes s'observe à travers des activités bénéficiant aujourd'hui de la reconnaissance d'une tradition culturelle ancestrale sacralisée largement réinventée, institutionnalisée et diffusée par les canaux de transmission les plus modernes. Parallèlement, les jeunes Polynésiens réagissent à ce travail de construction idéologique à partir de leurs propres valeurs, ce qui donne naissance à des « sous-cultures », parfois perçues comme des formes de contre-cultures. Ainsi, la pénétration des modèles californiens et hawaïens à Tahiti, depuis une quinzaine d'années, va-t-elle de pair avec la référence accrue à une « différence culturelle » parmi les jeunes, incarnée par la revendication de leur spécificité « ma'ohi » définie à travers des pratiques traditionnelles modernisées, comme le tatouage, le surf ou la pirogue Polynésienne.
Article | Octobre-décembre 2002
En 1961, l'île Wallis obtint un statut de territoire d'outre-mer accordant une juridiction de droit particulier aux insulaires regroupés sous l'autorité d'une « chefferie ». Le contact avec les Occidentaux et la conversion au catholicisme entraînèrent, entre autres, l'arrêt des conflits armés, le nivellement des ordres sociaux, l'adoption du modèle chrétien de communauté et de groupe familial. « Ce qui est de valeur supérieure » (‘aliki), dont le roi était jusque-là la référence ultime, trouve désormais son origine en Dieu et perd une partie de sa pertinence. Ces mutations n'altèrent cependant pas l'idée que les Wallisiens se font de leur identité qui a pour référence le « pays » (fenua) dont le « roi » est le garant.
Article | 2002
Article | 2002
Les discours des femmes laissent apparaître leur représentation de l'alcoolisme, maladie transmissible. Celle-ci, qui peut « glisser » de la mère à l'enfant sous la forme du syndrome de l'alcoolisme fœtal, est provoquée à la fois par des facteurs sociaux et par des causes extérieures telles que des attaques sorcellaires. De leurs propos, émerge la complexité des thérapies au quotidien, leurs différents niveaux de lisibilité, qui montrent que les soins ne se limitent pas à la stricte observance des prescriptions médicales. Là aussi, des logiques plurielles qui sont à l'œuvre conditionnent le choix des itinéraires thérapeutiques. Et tout accompagnement des femmes doit se traduire par une prise en compte de cette réalité, leur réalité.
Article | 2002
Les villages hmong de Guyane font l'objet d'un engouement touristique de la part des visiteurs métropolitains, ainsi que des Hmong venus de France ou des États-Unis. Ce tourisme, construit sur le mode du retour aux sources de la tradition hmong, a modifié la représentation que se fait d'elle-même la communauté de Guyane et nourrit des projets de développement.
Article | 2002
Article consultable sur le site : http://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=ETHN_024_0677